1 400 €. C’est le montant moyen d’une pension retraite nette en France : de quoi faire réfléchir, surtout quand l’inflation s’invite à la table des retraités. Derrière ce chiffre, des réalités multiples, des stratégies à inventer, et une certitude : pour beaucoup, la question du complément de revenus ne relève plus du choix mais de la nécessité.
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Comprendre le besoin de compléter sa retraite : où en est-on vraiment ?
En France, la pension ne tombe pas d’un seul et même guichet. Trois piliers solidement ancrés tiennent la baraque : la retraite de base, la retraite complémentaire (Agirc-Arrco pour les salariés du privé), et la retraite supplémentaire, réservée à ceux qui jouent la carte de l’épargne personnelle. Ce millefeuille se justifie aisément : en moyenne, une fois en retraite, le revenu ne garde que 62,3 % de ce qui tombait chaque mois en période d’activité. Chez les cadres et professions libérales, la douche peut être encore plus froide, avec parfois moins de la moitié du dernier salaire finalement perçue. Avec une pension moyenne plafonnant à 1 400 € nets (2021), l’écart avec le niveau de vie rêvé saute aux yeux.
Après réforme, le départ s’effectue dès 64 ans. Mais seule une carrière ayant accumulé 172 trimestres ouvre la voie au taux plein. La retraite de base (CNAV) est calculée sur les 25 meilleures années. Il manque des trimestres ? La pension subit un abattement sévère. Quelques années de plus au compteur offrent, elles, une surcote bienvenue. Décote ou surcote, ce sont des différences qui pèsent lourd sur la suite du parcours.
L’espérance de vie poursuit son ascension : vingt années de retraite en moyenne, avec un décalage marqué entre les femmes (85 ans) et les hommes (79 ans). Plus cette phase s’allonge, plus les besoins grandissent. Pour certains, il ne s’agit plus simplement de compléter, mais de tenir la distance.
Voici les différentes sources dont disposent les retraités pour toucher des revenus :
- La retraite de base (CNAV, MSA, ex-RSI…)
- La retraite complémentaire (Agirc-Arrco…)
- Divers moyens de renflouer ses revenus : PER, épargne personnelle, immobilier, autres placements
Parcours professionnel atypique ou linéaire, droits différents : tout commence par bien repérer les points d’appui sur lesquels s’appuyer.
Qui peut bénéficier d’un complément de retraite et sous quelles conditions ?
L’accès à un complément de retraite dépend de plusieurs paramètres : situation personnelle, niveau de ressources, âge, parcours de carrière. Pour les pensions modestes, certaines allocations ouvrent une respiration bienvenue. L’allocation de solidarité aux personnes âgées (ASPA) concerne ceux d’au moins 65 ans, résidant en France, avec moins de 12 148,99 € annuels pour une personne seule ou 18 846,84 € pour un couple (seuils 2024). Ce filet vient s’ajouter aux pensions reçues, ramenant un minimum vital.
Si le conjoint disparaît, la pension de réversion prend la suite. Pour les ayants-droit de salariés, indépendants ou agriculteurs, elle s’élève à 54 % de la pension que percevait (ou aurait pu percevoir) la personne décédée, à condition que les revenus du survivant ne dépassent pas certains plafonds. En cas de perte d’autonomie, l’allocation personnalisée d’autonomie (APA) entre en jeu, accessible sans condition stricte de ressources mais après évaluation de la dépendance.
D’autres pistes reposent sur l’initiative individuelle : plan d’épargne retraite (PER), assurance vie, immobilier locatif, SCPI ou viager. Chacun de ces instruments suit ses propres règles : âge d’ouverture, capital minimum, choix entre rente et capital. Ils s’adaptent aux profils et à l’histoire de chacun.
Panorama des solutions pour augmenter vos revenus à la retraite
Le plan d’épargne retraite (PER), produit né de la loi Pacte, attire par sa fiscalité séduisante : les versements sont déductibles à hauteur de 10 % du plafond annuel de la Sécurité sociale. Lors du départ, le choix est laissé entre sortir le capital d’un seul coup ou étaler les versements sous forme de rente. L’assurance vie, de son côté, reste fidèle à sa recette : allégement fiscal après huit ans, souplesse pour transférer d’un fonds à l’autre, et sortie possible soit en capital, soit en rente viagère.
L’immobilier conserve ses adeptes : la location offre des revenus continus. Les SCPI permettent d’investir sans s’embarrasser de contraintes, les loyers tombant régulièrement, la gestion étant déléguée. Ceux qui possèdent leur résidence principale peuvent aussi la convertir en revenus par plusieurs biais : louer une pièce, choisir le viager, ou recourir au prêt viager hypothécaire. Ces démarches génèrent des liquidités tout en gardant le toit au-dessus de la tête.
Certains préfèrent poursuivre une activité. Le cumul emploi-retraite permet de toucher sa pension tout en conservant une activité professionnelle, sans limite dans bien des cas. La retraite progressive accompagne une diminution du temps de travail, associée à une fraction de la pension. Enfin, le rachat de trimestres reste une option pour ceux qui veulent accélérer l’accès au taux plein et booster leur future pension.
Petites astuces et conseils pour choisir la meilleure option selon votre situation
Avant d’agir, mieux vaut dresser un inventaire précis de sa situation. Vérifiez le nombre de trimestres validés, examinez chaque ligne de votre relevé de carrière. Une simple erreur non repérée peut coûter cher. Prendre conseil auprès d’un spécialiste pour faire un vrai bilan retraite permet d’éviter les impairs : il repère les marges de manœuvre, simule ce que vous toucherez et affine la stratégie en fonction du patrimoine et de la fiscalité.
Pour tirer le meilleur parti de son épargne retraite, diversifiez les supports. Allez jusqu’à la limite de déduction offerte par le PER, multipliez les contrats d’assurance vie pour moduler les sorties, choisissez entre immobilier direct (pour ceux qui veulent gérer) et indirect. Les SCPI, sans gestion à assurer, séduisent ceux qui fuient la contrainte du bailleur classique.
Anticiper, c’est gagner : racheter des trimestres peut être avisé si le taux plein est hors de portée. Faites tourner un simulateur pour estimer l’effet réel. Réfléchissez aussi à poursuivre une activité ou opter pour la retraite progressive, selon votre statut et votre secteur. Les réglages diffèrent entre salariés, indépendants, professions libérales.
La résidence principale, loin d’être un simple abri, se transforme en ressource si besoin : location partielle, viager, prêt viager hypothécaire, de nombreuses alternatives méritent d’être pesées selon la situation, l’âge, la fiscalité ou les contraintes familiales. Ici, aucune recette magique, car chaque cas mérite une attention particulière.
Tous ces éléments appellent à la vigilance et à la préparation. Le choix du complément de retraite s’impose comme un moyen direct de reprendre la main, pour qu’au seuil de la retraite, la question ne soit plus « comment tenir » mais comment respirer à nouveau.


